Tendinite du coude : comment soigner cette maladie ?
Les tendinites du coude, fréquentes et douloureuses, peuvent être efficacement soulagées grâce à des méthodes de soin adaptées et ciblées. L'intervention chirurgicale est le dernier recours.
Cette pathologie du coude est particulièrement fréquente et peut concerner tout le monde. Il est en effet impossible dans la vie courante de ne pas se servir en permanence dans toutes ses activités manuelles des formations tendino-musculaires insérées au coude. La mobilisation de la main dans le gestuel quotidien impose la mise en fonction des muscles de l’avant-bras. Ils vont exercer au niveau de leur attache sur les reliefs osseux épicondyliens interne et externe du coude une force de traction identique à celle que l’on souhaite développer pour mobiliser le poignet et les doigts. Ces forces peuvent être très importantes lors du serrage ou du soulèvement de charges. Les forces sont intégralement transmises au niveau des deux attaches autant distales que proximales tendino-musculaires, source d’inflammation et donc de tendinite au coude.
C’est le même principe que la force exercée sur un ressort fixé à un mur et qui suspend une charge. Ce ressort va transmettre une force parfaitement symétrique des deux côtés : à la fois du côté de la charge et du côté de sa fixation au mur. Pour le coude il en va de même. Dès que l’on effectue avec sa main un mouvement d’une certaine puissance, le muscle nécessaire va développer une force aussi importante pour soulever la charge que celle exercée à son attache proximale sur les reliefs osseux du coude, sur lequel ce muscle se fixe par l’intermédiaire de son tendon d’insertion.
Définition de la tendinite du coude
La tendinite est par définition une maladie du tendon avec inflammation (tendinopathie). Elle est responsable de douleurs et d’une limitation fonctionnelle survenant sur des tendons situés autour du coude.
Le coude est constitué de 2 condyles, des rebords osseux palpables sur le bord interne et externe du coude :
– Le condyle externe appelé épicondyle
– Le condyle interne appelé épitrochlée
Lorsqu’il y a une atteinte douloureuse (algie) d’un de ses épicondyles, on parlera en externe d’épicondylalgies et en interne d’algie épicondylienne interne. Lorsque cette douleur est d’origine inflammatoire tendineuse, on parlera plus spécifiquement d’épicondylite en externe et d’épitrochléite en interne.
Les différentes formes de tendinites au coude
L’épitrochléite du coude est également appelée golf elbow car elle survient plus volontiers chez les sportifs pratiquant le golf. L’épicondylite est appelée communément le tennis elbow car elle concerne plus spécifiquement les joueurs de tennis.
Cependant toute pratique sportive, intensive et répétitive dans le cadre du travail (vissage bricolage, lavage)ou de loisirs (escalade, ….) peut déclencher ce type de douleurs de tendinite au coude. La localisation dépend du type de mouvements pratiqués. La douleur pourra s’exprimer en interne ou en externe et parfois des deux côtés du coude.
Les pathologies confondues avec une tendinite du coude
Une autre pathologie fréquente se situe en arrière du coude. Les symptômes sont une douleur postérieure avec inflammation et gonflement d’une bourse située en arrière de la pointe du coude (en regard de l’olécrane). On parle de bursite rétro-olécrânienne, également appelée hygroma du coude.
L’hygroma est par son volume disgracieux, dont la tuméfaction fait une bosse molle à l’arrière du coude. Il provoque des poussées inflammatoires parfois sévères entrainant rougeur, douleur, chaleur locale et parfois de la fièvre. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une tendinite du coude, mais bien d’une bursite.
Causes et facteurs de risques
On constate que le coude est un gros pourvoyeur de pathologies tendineuses autour de son articulation.
Les atteintes possibles sont internes, externes, antérieures ou postérieures. Ces pathologies surviennent le plus souvent suite à des efforts répétés. Les tendinites du coude sont parfois provoquées par une chute ou une contusion initiale. Cette articulation est ainsi particulièrement concernée par ses mouvements incessants au quotidien, et le fait qu’elles soit exposée aux traumatismes par choc direct.
Importance du traitement approprié
Le traitement de ces tendinites du coude impose d’avoir identifié précisément les gestes qui les ont déclenchés. Il faut ensuite les proscrire ou les modifier pour les rendre moins répétitifs, moins intensifs, plus adaptés et mieux réalisés. Une bonne hydration est aussi impérative, avec des échauffements et des étirements avant et après l’effort. La non compréhension de ces mesures entraîne une souffrance chronique avec intensification des douleurs et modification progressive de la structure anatomique concernée, qu’il devient ensuite difficile de guérir.
Il faut donc être très vigilant dès l’apparition des premiers symptômes d’une tendinite du coude. Il faut alors réagir de façon appropriée par des mesures, soit d’évitement, soit de modification gestuelle ou de matériel.
Diagnostiquer une tendinite au coude
Symptômes et signes cliniques
Les premiers symptômes se caractérisent par des douleurs situées au niveau du tendon ou de l’insertion du tendon sur l’os (enthèse).
Ces douleurs surviennent au départ pendant ou après l’effort. C’est la contraction musculaire du muscle concerné qui s’insère sur l’os du coude par l’intermédiaire du tendon. Les douleurs deviennent progressivement permanentes et déclenchées par des gestes de plus en plus minimes. Ces tendinites rendent les gestes du quotidien pénibles et difficiles à réaliser.
Certains tests sont spécifiques, lorsqu’ils déclenchent la douleur par l’étirement ou la mise en tension contre résistance des tendons concernés.
Qui consulter pour une tendinite du coude ?
Les médecins les plus adaptés à consulter en cas de tendinite du coude sont les médecins du sport et les rhumatologues. Ils sont habitués à traiter les douleurs articulaires et tendino-musculaires. Il n’est pas au départ logique de consulter un chirurgien en cas de tendinite débutante.
Un avis chirurgical ne devient nécessaire qu’en cas de formes rebelles, après avoir réalisé un traitement médical bien conduit et prolongé prescrit par le médecin. C’est donc aux médecins en charge du traitement médical de définir quand un avis chirurgical devient nécessaire.
Les examens complémentaires
Les examens complémentaires habituels pour ces tendinites du coude sont une radiographie du coude de face et de profil systématique. Elle permet de vérifier la normalité des structures osseuses et articulaires. On constate parfois la présence de signes d’irritations de la zone d’insertion des tendons sur l’os avec parfois une densification ou de très petits arrachements osseux.
L’analyse des tendons concernés fait appel à un examen échographique ou par I.R.M. Ils permettent tous les deux une bonne analyse des structures tendineuses et de leur insertion sur l’os.
Certains autres examens complémentaires plus complexes pourront être nécessaires en cas de doute diagnostique. On pourra alors avoir recours à l’arthroscanner ou un électromyogramme (EMG) pour une recherche de lésions articulaires, osseuses ou nerveuses associées entrant dans le cadre d’un diagnostic différentiel.
Le traitement médical
Le traitement médical pour une tendinite du coude est impérativement le premier à entreprendre. Ce n’est qu’en cas d’échec de celui-ci réalisé de façon prolongée que l’on peut exceptionnellement prendre un avis chirurgical.
Le temps de guérison pour une tendinite du coude est en général très long. D’autant plus que l’on prend du retard à mettre en route des contre-mesures efficaces. Elles passent le plus souvent par une bonne compréhension du mécanisme de la tendinite et des méthodes d’évitement de la douleur.
Repos et modification des activités
Le repos et la modification de nos activités au quotidien est bien sûr la base de tout traitement d’une tendinite du coude. En effet, une tendinite résulte d’une sollicitation trop intensive et trop répétitive du tendon soumis aux contractions musculaires importantes.
La mise au repos de l’ensemble tendino-musculaire concerné est indispensable à la guérison. Elle peut être réalisée par l’arrêt complet de la contraction musculaire responsable de l’apparition de la douleur ou par la modification du geste permettant de soulager la zone tendineuse trop sollicitée.
La modification du geste nécessite :
- La bonne réalisation du mouvement sportif (apprentissage)
- La modification de la puissance transmise (adaptation du matériel)
- La fréquence (nombre et durée des séances sportives)
Un échauffement et une bonne hydratation améliorent la qualité du tendon et sa tolérance à l’effort.
Les infiltrations
Elles font parties intégrantes du traitement médical. Elles consistent en infiltrations de corticoïdes en suspension au point d’insertion des tendons épicondyliens. Celles-ci peuvent être alternées avec la prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens par voie générale.
Ces injections de PRP sont également couramment proposées dans ces pathologies du coude. Leur efficacité est très diversement appréciée et difficilement analysable. Il est certain que ces infiltrations ne dispensent en aucun cas de la mise au repos maximum des structures tendineuses concernées.
Les infiltrations pour une tendinite du coude ne doivent pas être trop souvent répétées pour gagner en efficacité et soulager au mieux les douleurs.
Application de glace et compression
Par son effet anti-inflammatoire, une application de glace peut soulager les douleurs au coude et limiter l’échauffement tendineux. Elle doit être réalisée néanmoins de façon modérée et intermittente.
L’utilisation de sangles compressives permet parfois de limiter la transmission de la tension musculaire sur le tendon. Ces anneaux compressifs ne doivent pas être trop serrés pour ne pas faire de garrot. Leur efficacité est modeste.
Orthèses et bandages
Certaines contentions sont utilisées pour mettre les structures tendino musculaires en position de détente. Pour les épicondyliens externes par exemple, le poignet est maintenu en extension et le coude en flexion. En cas de traitement initial insuffisamment efficace, on peut avoir recours à une attelle d’immobilisation pendant quelques semaines. Le coude et la structure tendino musculaire douloureuse sont mis au repos en position de détente.
Les bandages élastiques doublés de silicone ou de gel permettent de réaliser une proprioception, une limitation de mouvement de la zone douloureuse et une utilisation excessive du coude.
Différents types de coudières existent dans le commerce. Les formes et leur efficacité sont très variables en fonction de la douleur de l’individu et de la pratique gestuelle. Il convient de les essayer et de ne pas hésiter à en changer pour trouver la coudière la plus efficace.
Rééducation et physiothérapie
Au début d’une tendinite, le repos du coude et la suppression des facteurs favorisants cette pathologie s’impose plus qu’une rééducation. En cas de douleurs persistantes, la kinésithérapie est légitime. La réalisation de massages transverses profonds à raison de trois séances hebdomadaires de six minutes pendant trois semaines peut calmer ces douleurs.
La physiothérapie peut être associée au traitement kiné pour une tendinite du coude. On utilise des ultrasons en émission pulsée en balayage appuyé sur le tendon du coude, et la diélectrolyse qui a une visée antalgique et anti-inflammatoire. Les ondes de chocs sont souvent proposées. Toutefois les résultats sont inconstants et parfois modérés pour soulager les douleurs.
Le traitement chirurgical pour une tendinite du coude
Quand se faire opérer pour une tendinite du coude ?
Le traitement chirurgical reste le dernier recours à envisager en cas de tendinite du coude. Ce traitement est en effet inconstamment efficace et de toute façon plus agressif que tous les autres traitements. Il est donc prudent de ne l’envisager qu’en cas d’échec des traitements médicaux précédents. Il n’a jamais de caractère urgent et son efficacité n’est pas dépendante du temps mis à le mettre en route.
Une chirurgie du coude doit être envisagée avec prudence du fait de son efficacité inconstante. Cependant elle permet parfois de sortir les patients de douleurs chroniques rebelles causées par la tendinite. Cette opération mérite d’être tentée en cas d’échec de tous les autres traitements médicaux.
On constate malheureusement dans l’analyse des résultats que la chirurgie est très souvent pris en défaut dans les tendinites du coude, sans que l’on en explique la cause.
La chirurgie
L’opération pour une tendinite du coude peut être réalisée sous anesthésie locorégionale et en ambulatoire. Elle consiste pour les épicondylites et les épitrochléites en la réalisation d’un allongement ou d’une désinsertion des structures tendineuses concernées.
Pour cela, le chirurgien pratique une incision située en regard de la zone douloureuse.
Convalescence et temps de guérison
Suite à l’intervention chirurgicale, il n’est pas nécessaire d’être immobilisé. Mais les mouvements du coude doivent être réalisés avec toute leur amplitude mais sans travail de force. Les pansements postopératoires sont à réaliser par l’infirmière de façon régulière jusqu’au 15e jour qui est la date d’ablation des fils. Une rééducation des amplitudes de mobilité du coude et généralement utile pour éviter toute raideur articulaire secondaire.
La reprise d’une activité après une intervention chirurgicale pour une tendinite du coude doit être effectuée de façon prudente et progressive. Elle doit aussi s’adapter à la douleur ressentie. La reprise de la fonction tendino musculaire nécessite un réapprentissage du geste et une récupération de la bonne élasticité tendineuse.
Il faut donc réaliser des allongements tendineux progressifs par des manœuvres de mise en tension passive et en contraction progressivement croissantes. Pendant toute la durée de cette convalescence après l’opération du coude, un suivi avec un kinésithérapeute est demandé.
Les temps de récupération et de guérison sont généralement longs. Les gestes en force sont envisageables à partir de la sixième semaine à condition d’être introduit progressivement. Par contre l’utilisation du membre opéré est envisageable juste après l’intervention, à condition de le faire avec douceur.
Après l’opération du coude pour une tendinite, une reprise complète et normale des activités n’est en général pas réalisable avant le troisième mois postopératoire après l’opération du coude.