Différence entre tendinite et ténosynovite de de Quervain
La ténosynovite de de Quervain est une maladie de la main appelée à tort tendinite de de Quervain.
Pr Eric Roulot / Main et poignet / Maladies / Tendinite de de Quervain / Différence avec ténosynovite
la ténosynovite de de Quervain présente souvent les mêmes symptômes qu’une tendinite pour d’autres localisations. Elle est depuis de nombreuses années appelée à défaut tendinite de Quervain.
Il existe pourtant de réelles différences anatomiques entre ces deux maladies de la main concernant des tendons différents de la main ou du membre supérieur.
Des tendons du membre supérieur concernés très différents
La ténosynovite ne concerne pas les mêmes tendons que la tendinite, les tendons ayant pour les ténosynovites une gaine synoviale qui les entourent pour coulisser dans des tunnels de guidage à fort frottement.
C’est donc le cas pour la plupart des tendons de la main entrainant ainsi la maladie de de Quervain, mais aussi la ténosynovite du fléchisseur radial du carpe au voisinage d’une rhizarthrose, ou une ténosynovite de l’extenseur ulnaire du carpe chez certains sportifs.
Les tendinites des membre supérieurs concernent plus souvent l’épaule et le coude où les tendons sont soumis à de fortes contraintes en tension, transmettant le mouvement généré par des muscles puissants ou avec des attaches osseuses.
Dépourvus de gaines synoviales, ces tendons vieillissent et se fragilisent avec le temps et s’enflamment, se fissurent ou se rompent partiellement dans le cadre des tendinites. Ces tendinites concernent par exemple le tendon inférieur du biceps, du triceps, les épicondyliens (tennis elbow) ou les épitrochléens.
La ténosynovite de de Quervain, une inflammation de la gaine synoviale des tendons extenseurs du pouce
La ténosynovite de de Quervain se différencie donc surtout d’une tendinite par la présence de cette gaine synoviale entourant le tendon. Très réactive, elle s’enflamme plus vite que le tendon lui-même. Elle est donc responsable des premiers symptômes avec une inflammation et une sécrétion liquidienne, qui se traduit par une douleur au poignet avec gonflement. L’inflammation de la gaine synoviale est sur toute la longueur de la gaine synoviale des tendons, et pas uniquement au niveau de la zone de frottement sous la poulie aponévrotique.
Lorsque la gaine se remplit de liquide (épanchement synovial) et s’enflamme, elle se gonfle comme un ballon avec un aspect fréquemment en bissac. En son milieu, elle ne peut pas s’expandre du fait de la présence de la sangle aponévrotique peu élastique et prend alors un aspect en sablier.
Des symptômes et conséquences identiques
A la longue, le tendon frotte à l’intérieur de la gaine synoviale, coulisse de moins en moins bien et dans un second temps s’effiloche, comme pour une tendinite. En effet, la tendinite est une inflammation directe du tendon qui est le premier atteint puis se fibrose, se fissure et devient à la longue plus fragile ou cassant. D’où l’association courante et le nom employé à tort de tendinite de de Quervain.
Il n’y a pas cependant pas de risque de rupture du tendon dans la ténosynovite de de Quervain, ce qui autorise l’utilisation sans restriction d’un traitement médical par infiltration.
Les autres "tendinites du pouce", pardon ténosynovites du pouce !
La ténosynovite de de Quervain atteint les tendons extenseurs du pouce les plus externes qui traversent la zone de passage ostéo ligamentaire étroite appelée « coulisse ». Cette zone sert à guider le tendon pour lui donner de la tension ou effectuer les changements de direction.
Dans le corps humain, ces coulisses de guidage se situent dans les zones de passage autour d’articulations à grandes amplitudes de mouvement.
Il existe d’autres tendinites du pouce qui peuvent concerner le long extenseur du pouce en dorsal, qui passe lui aussi dans une coulisse étroite très à risque et différente de celle concernant la ténosynovite de de Quervain.
Sinon ces « tendinites du pouce » peuvent également concerner le tendon long fléchisseur du pouce dans le canal carpien ou la poulie annulaire proximale dans le doigt dont la maladie s’appelle le doigt à ressaut.