Acromioplastie de l'épaule
L'acromioplastie est une opération de l'épaule qui vise à supprimer un conflit sous-acromial.
Pr Eric Roulot / Chirurgie orthopédique / Chirurgie de l'épaule / Acromioplastie
L’acromioplastie est une opération de l’épaule faite le plus souvent sous arthroscopie. Cette acromioplastie arthroscopique consiste à remodeler en la rabotant la face inférieure de l’acromion pour la rendre moins saillante et moins agressive pour la coiffe des rotateurs constituant un ensemble tendino-musculaire moteur et stabilisateur de l’épaule et qui entoure la tête de l’humérus.
Quand l'acromioplastie devient-elle nécessaire ?
L’acromioplastie peut être réalisée isolement ou associée à une autre opération sur l’épaule. En effet, elle est assez systématiquement réalisée en cas de réparation de la coiffe. L’acromioplastie avec réparation de la coiffe des rotateurs permet de supprimer une des causes du conflit ayant amené à la rupture de coiffe d’une part, mais également de dégager de l’espace pour que la coiffe réparée ne soit pas trop à l’étroit. La coiffe prend du volume avec l’inflammation postopératoire et l’encombrement de la zone de suture.
L’opération d’acromioplastie de l’épaule lorsqu’elle est réalisée isolément doit l’être en cas d’échec d’une rééducation et d’un traitement médical bien conduit. Le conflit sous-acromial est souvent le fait de mouvements répétitifs et inappropriés de l’épaule.
La mise au repos de l’épaule reste un préalable indispensable à toute prise en charge chirurgicale, de même que la mise en route d’une rééducation du conflit sous-acromial sérieuse et prolongée pour permettre de redonner à l’épaule un mouvement harmonieux et un meilleur équilibre de la répartition des forces permettant les mouvements de l’épaule.
Si ce traitement bien effectué s’avère insuffisant pour résoudre le conflit douloureux, un avis chirurgical spécialisé devient alors nécessaire.
Ténotomie du biceps et acromioplastie
En cas d’acromioplastie, il n’est pas exceptionnel de traiter dans le même temps opératoire une tendinopathie du biceps. Celle-ci ne concerne qu’un des deux tendons supérieurs du biceps qui est celui situé en position intra-articulaire. Celui-ci est alors le plus souvent simplement détaché de sa zone d’attache sur la partie haute de la glène.
Cette acromioplastie avec ténotomie du biceps détend en faisant un peu reculer le tendon de quelques centimètres sans pour autant réellement nuire à sa fonction, tout en soulageant les douleurs de la tendinite du biceps qui sont fréquentes en cas de conflit sous-acromial.
Efficacité de cette opération de l'épaule
Cette chirurgie de l’épaule donne souvent de très bons résultats sur les douleurs de conflit sous-acromial pouvant même assez souvent les faire complétement disparaitre et de façon définitive. Par ailleurs, elle aurait en supprimant le conflit par frottement un effet protecteur contre l’usure de la coiffe des rotateurs pouvant stopper ou retarder le risque de rupture de la coiffe.
Par contre, elle peut ne pas être efficace ou partiellement si les douleurs de tendinites à l’épaule continuent à évoluer pour leurs propres comptes, même une fois le frottement provoqué par l’acromion résolu.
En cas de traitement trop tardif, les lésions créées par le conflit sous-acromial sur la face superficielle de la zone tendino-musculaire de la coiffe des rotateurs persistent souvent de façon définitive, laissant une zone cicatricielle plus ou moins gênante.
Par ailleurs, l’acromioplastie ne dispense pas de la poursuite d’une rééducation de l’épaule qui doit récupérer puis entretenir une dynamique de mouvement harmonieux et sans conflit. De façon imagée, l’intervention d’acromioplastie remonte le plafond de l’espace entre la tête humérale et l’acromion pour faire plus de place à la coiffe mais il est important de ne pas laisser pour autant l’épaule monter pour ne pas que la tête humérale ne vienne se percher au plafond quel que soit sa hauteur, ce qui se fait par une bonne fonction musculaire de la coiffe des rotateurs.
Une opération de l'épaule sous arthroscopie
Les principes de l'opération : Réduire le conflit sous-acromial
Cette opération consiste à adoucir et diminuer les contours de la partie inférieure de l’acromion et de l’articulation acromio-claviculaire, en particulier sur sa partie antéro-inférieure.
On rabote lors de l’intervention chirurgicale toutes les aspérités situées sur la face inférieure de l’acromion qui risquent d’abimer à la longue la coiffe des rotateurs et enflammer la zone suite à un frottement excessif.
Déroulement d'une acromioplastie
L’acromioplastie se déroule en ambulatoire. Les cicatrices sont discrètes et correspondent aux points d’entrée de la caméra et des instruments et se résument le plus souvent à deux petites incisions de 0,5 cm. Le port d’une écharpe de repos soutenant le bras permet de limiter les douleurs après l’opération.
Technique chirurgicale
Cette chirurgie de l’épaule est réalisée sauf exception sous arthroscopie et sous anesthésie le plus souvent générale, qui reste plus confortable qu’une anesthésie isolée de l’épaule même si cela est techniquement faisable.
L’arthroscopie permet d’introduire sous contrôle de la caméra une petite fraise rotative qui va permettre d’émousser les contours saillants de l’acromion et de la partie inférieure de l’articulation acromio-claviculaire, supprimant toutes les aspérités potentiellement agressives et de remonter la hauteur du plafond de l’espace sous-acromial.
Le jour même après l'opération
L’anesthésie générale une fois levée, l’épaule reste insensibilisée par l’anesthésie du bras effectuée juste avant d’être endormi. Le bras retrouve sa sensibilité et sa motricité souvent vers la douzième heure post-opératoire. On peut ensuite bouger la main et le coude sans restriction et l’épaule de façon prudente et modérée pour ne pas déclencher de douleurs.
Temps de récupération et convalescence après l'opération
Douleur et récupération après l'acromioplastie
En l’absence de geste associé, l’immobilisation de l’épaule n’a qu’un but antalgique et peut être interrompue ou intermittente dès que les douleurs l’autorisent. En général, une quinzaine de jours de repos bras en écharpe sont suffisantes.
La mobilisation est autorisée sans restriction autre que celle imposée par les douleurs post opératoires. Il n’y a pas de risque de rupture de tendons, de muscles ou une suture qui peut lâcher dans ce type d’intervention et donc pas de précaution d’utilisation particulière sauf à reprendre les mouvements de façon progressive.
Exercices de rééducation et reprise du sport
Les exercices après une acromioplastie visent uniquement à récupérer progressivement une mobilité d’épaule normale. Une fois l’épaule suffisamment indolore et souple, il faut reprendre de façon régulière et prolongée les exercices effectués avant l’intervention avec le kinésithérapeute pour redonner à l’épaule une dynamique harmonieuse et éviter ainsi le pistonnage de la tête humérale lors du mouvement rotatoire de l’épaule.
Le sport peut le plus souvent être repris à la sixième semaine de l’intervention, sauf si des gestes de réparation de la coiffe ont été associés à l’acromioplastie.
Arrêt de travail après une acromioplastie
la durée de la convalescence après une acromioplastie est fréquemment de trois semaines. La reprise de travaux lourds ne se fait pas avant la sixième semaine.
Le temps de récupération d’une acromioplastie d’épaule est cependant variable en fonction de chacun et l’arrêt de travail reste à évaluer par le chirurgien en fonction du contexte, notamment dans le cas d’une maladie professionnelle qui correspond toujours à des postes de travail particuliers.
Douleurs après l'opération
La récidive des douleurs après acromioplastie est possible. En effet, la tendinopathie peut persister indépendamment de l’existence d’un conflit sous-acromial et dépend beaucoup de l’état de la coiffe au moment de l’intervention avec des séquelles cicatricielles sur les tendons qui peuvent nuire à sa bonne fonction.
Il est par contre très rare d’avoir à réaliser deux fois une acromioplastie sur la même épaule, l’agrandissement de l’espace sous-acromial étant le plus souvent définitif.
Les risques opératoires et complications liés à l'acromioplastie
Les risques pour une acromioplastie sont très limités. Ils sont ceux de tout acte chirurgical et il y a donc tous les risques comme la loi précise qu’il faut le rappeler, y compris d’accident grave. On insiste plus particulièrement sur le risque d’infection ou d’une raideur de l’épaule, en particulier en cas de capsulite réactionnelle qui reste toujours possible comme pour toute intervention de l’épaule.
L’algodystrophie après l’acromioplastie et sa composante de capsulite à l’épaule restent une complication non exceptionnelle et assez imprévisible.
Néanmoins cette opération de l’épaule est bien codifiée et de réalisation précise. Le rapport bénéfice/risque est donc très favorable si l’indication est justifiée. Cette intervention chirurgicale ne rattache rien, n’implante rien et ne fait que libérer de l’espace en minimisant fortement le risque d’incident.