Opération d'un doigt à ressaut
L’opération pour un doigt à ressaut consiste à libérer chirurgicalement le conflit qui empêche la bonne coulisse des tendons fléchisseurs. Cette intervention chirurgicale supprime définitivement les phénomènes de ressaut ou de blocages du doigt lors des mouvements de flexion extension.
Pr Eric Roulot / Doigts de la main / Maladies / Pouce et doigt à ressaut / Opération
Questions fréquentes avant l'opération d'un doigt à ressaut
Pourquoi se faire opérer un doigt à ressaut ?
La réponse varie en fonction des patients. Ce qui est certain c’est qu’il ne faut pas rester avec un doigt à ressaut gênant au quotidien. C’est d’ailleurs souvent le cas et cette gêne augmente au fur et à mesure de l’évolution du doigt à ressaut.
Se faire opérer du doigt à ressaut permet une guérison complète et cette intervention chirurgicale présente d’ailleurs peu de risques.
Quels sont les risques en cas d’opération tardive d’un doigt à ressaut ?
Il ne faut pas attendre que le doigt se soit enraidi pour accepter de se faire opérer. Car sinon au problème de ressaut du doigt s’ajoute un enraidissement articulaire progressif. En cas d’opération tardive, le doigt fléchit de plus en plus et risque à l’extrême de se bloquer complètement en flexion dans la paume.
La raideur articulaire du doigt lorsqu’elle est présente au moment de l’opération va d’ailleurs rendre la chirurgie plus difficile et ses résultats moins bons. Elle nécessite en effet la réalisation d’un décollement de l’appareil fléchisseur appelée ténolyse, associée parfois à une libération articulaire appelée arthrolyse. On parle alors de ténoartholyse du doigt.
Quand se faire opérer d’un doigt à ressaut ?
Il n’y a pas réellement de règle pour choisir la période préférable de prise en charge chirurgicale d’un doigt à ressaut. Cette maladie peu grave occasionne exclusivement une gêne au mouvement et un inconfort parfois douloureux mais sans conséquences graves. En cas de traitement chirurgical tardif, il n’y a pas de risque de rupture tendineuse ou d’apparition d’arthrose, même pour des formes de doigts à ressaut longtemps négligées. La règle reste d’opérer les doigts à ressaut qui résistent au traitement médical bien conduit.
Toutefois, ce choix du timing opératoire peut s’avérer difficile quand il existe une pathologie associée, comme un syndrome du canal carpien. L’association des deux maladies est d’ailleurs très fréquente. Il faut alors essayer de grouper si possible les différentes interventions chirurgicales.
L'intervention chirurgicale ou ténolyse du doigt
Les principes de l'opération du doigt à ressaut et technique chirurgicale
Le principe de l’opération d’un doigt à ressaut est de remettre en adéquation la taille des tendons fléchisseurs du doigt malade avec celle du tunnel digital, à hauteur de la poulie proximale A1. Ce point d’entrée du tendon dans le doigt est la zone de conflit lorsque le tendon devient trop gros par rapport à la taille du tunnel constitué par la poulie.
Cette chirurgie des doigts de la main donne d’excellents résultats. Elle guérit de façon simple et définitive la maladie du doigt à ressaut. Cependant certaines particularités et certains pièges sont à connaitre pour éviter les écueils.
Chirurgie pour les formes simples de doigts à ressaut
Le plus souvent, l’intervention pour un doigt à ressaut se limite à sectionner la poulie proximale A1 pour l’ouvrir et ainsi agrandir la taille de la poulie et lever l’obstacle à la bonne coulisse des tendons fléchisseurs.
C’est la même chose que si l’on coupait une bague pour desserrer un doigt trop serré par une bague devenue trop petite par rapport à la taille du doigt. A cette différence que la poulie une fois sectionnée va progressivement se reconstruire par un mécanisme de cicatrisation en se calibrant automatiquement autour de la taille des tendons fléchisseurs du doigt. Ces derniers sont lors d’une intervention pour doigt à ressaut en général renflés avec une déformation nodulaire en amont de la zone de serrage du tendon par la poulie A1.
L’opération consiste donc sous anesthésie du bras (locorégionale) ou du doigt (locale) à ouvrir la poulie par une petite incision cutanée effectuée en regard de la zone de blocage à la partie proximale du doigt. Ensuite, il faut tracter délicatement les tendons fléchisseurs pour vérifier leur parfaite libération et décoller d’éventuelles et non exceptionnelles adhérences tendineuses appelée ténolyse.
La fermeture se fait par quelques points de suture souvent résorbables et la mobilisation immédiate est ensuite autorisée sans réelle restriction.
Chirurgie pour les formes compliquées de doigts à ressaut
Cette opération du doigt à ressaut concerne les patients ayant certaines pathologies rhumatismales particulières ou ayant des formes anciennes enraidies. L’agrandissement simple de la poulie risque alors de ne pas suffire ou présenterait un risque de déstabilisation de l’harmonie anatomique de l’ensemble du doigt. Il devient alors nécessaire non pas d’agrandir la taille du tunnel isolément, mais de diminuer la taille du contenu tendineux du tunnel.
Il faut réaliser alors pour le doigt concerné une libération de l’appareil fléchisseur appelée ténolyse et désépaissir l’appareil fléchisseur en réséquant le renflement nodulaire, en y associant ou non selon les cas l’agrandissement de la poulie A1. Cette chirurgie est techniquement plus complexe et nécessite le recours à une incision un peu plus étendue. Parfois il faut y associer une libération de l’articulation enraidie appelée arthrolyse du doigt.
Cette opération du doigt à ressaut concerne les patients ayant certaines pathologies rhumatismales particulières ou ayant des formes anciennes enraidies. L’agrandissement simple de la poulie risque alors de ne pas suffire ou présenterait un risque de déstabilisation de l’harmonie anatomique de l’ensemble du doigt. Il devient alors nécessaire non pas d’agrandir la taille du tunnel isolément, mais de diminuer la taille du contenu tendineux du tunnel.
Il faut réaliser alors pour le doigt concerné une libération de l’appareil fléchisseur appelée ténolyse et désépaissir l’appareil fléchisseur en réséquant le renflement nodulaire, en y associant ou non selon les cas l’agrandissement de la poulie A1. Cette chirurgie est techniquement plus complexe et nécessite le recours à une incision un peu plus étendue. Parfois il faut y associer une libération de l’articulation enraidie appelée arthrolyse du doigt.
Beaucoup plus rarement, un allongement de l’appareil fléchisseur peut être nécessaire. Sinon dans des cas moins rares, le doigt à ressaut s’accompagne d’une maladie de Dupuytren nécessitant son exérèse dans le même temps opératoire. Dans l’ensemble de ces cas, cette chirurgie du doigt à ressaut est néanmoins réalisée en ambulatoire et sous anesthésie locale du doigt ou locorégionale de l’ensemble du bras.
Les suites opératoires sont assez similaires aux formes simples d’opération de doigts à ressaut.
Les techniques de libération sous échographie d'un doigt à ressaut
La libération d’une poulie sous échographie consiste à fragiliser la poulie en la dilacérant par une aiguille en percutané ou en la coupant avec un petit instrument tranchant. Seule la technique avec aiguille est légitime, car avec un instrument tranchant il n’y a plus de différence avec la chirurgie précédemment décrite si ce n n’est une asepsie moins rigoureuse.
Pour la dilacération à l’aiguille, cette opération du doigt à ressaut mais dans les cas nécessitant une intervention le contact de la poulie serrée avec le tendon est très étroit et ce dernier peut être dilacéré partiellement par l’aiguille lors de la réalisation de ce geste qui n’est donc pas sans innocuité.
Le caractère longitudinal de la dilacération est ne risque pas de provoquer une rupture tendineuse. Toutefois en altérant la surface du tendon, cette technique chirurgicale peut favoriser les adhérences du tendon et la raideur du doigt.
Par ailleurs, la libération complète des tendons fléchisseurs est difficile à contrôler formellement. On ne peut réaliser de traction sur l’appareil fléchisseur pour en décoller les adhérences, contrairement à ce qui est fait lors d’une chirurgie classique. Les adhérences persistantes et les libérations insuffisantes sont donc possibles après l’opération.
L’intérêt de cette technique chirurgicale sous échographie du doigt à ressaut est un temps de pansement plus court. Son inconvénient, en dehors de l’altération possible des tendons, est le risque d’échec non exceptionnel qui justifie alors d’une chirurgie du doigt secondaire par à un chirurgien acceptant de prendre le relai.
Durée de l'opération d'un doigt à ressaut
L’intervention de libération d’un doigt à ressaut se fait en ambulatoire sur une demi-journée. La durée de l’opération est courte pour les formes simples habituelles et d’environ un quart d’heure. L’anesthésie du bras ou du doigt est environ de 4 heures. La sensibilité revient progressivement ainsi que la possibilité de bouger et de se servir de la main et du doigt opéré.
L’injection de produit anesthésique interdit néanmoins le retour à la maison par ses propres moyens. Toute conduite automobile est interdite. Le retour au domicile doit se faire obligatoirement avec un proche ou un taxi.
Le jour même après l'opération du doigt à ressaut
Une fois la main réveillée, on peut se servir avec modération du doigt opéré. Il n’y a pas d’immobilisation prescrite par le chirurgien, même si les quelques douleurs opératoires et le pansement peuvent être gênants. Il est possible de se servir de la main pour des gestes simples comme s’habiller, se servir d’un téléphone ou tenir un verre.
Suites opératoires et convalescence
Douleurs après opération d'un doigt à ressaut
Les douleurs après une opération du doigt à ressaut sont en principe peu importantes. Elles ne nécessitent pas le recours à des antalgiques puissants.
Les mouvements de flexion extension de la main sont conseillés car ils permettent de limiter le gonflement des doigts post opératoire. Ces mouvements améliorent aussi la coulisse tendineuse en limitant les adhérences toujours possibles après l’opération en assouplissant ainsi les articulations des doigts.
La localisation de l’intervention chirurgicale à la base du doigt rend néanmoins l’utilisation de la main parfois inconfortable. En effet, l’incision est située en zone d’appui, ce qui gêne lors de la préhension à pleine paume.
Exercices de rééducation et mobilisation du doigt
En post opératoire, la mobilisation complète en flexion extension de l’ensemble des doigts simultanément est bénéfique. Pour le doigt à ressaut opéré, il faut impérativement veiller à limiter la possible rétraction du doigt en flexion par une mobilisation douce mais complète de chacune des articulations du doigt concerné. Il est intéressant de travailler maillon articulaire par maillon articulaire plutôt que de mobiliser tout le doigt en extension ce qui es plus difficile et plus douloureux.
Le principe de ces exercices est de s’aider de l’autre main et de prendre chaque articulation du doigt une par une et de l’étendre complètement. En effet, le principal danger d’un doigt à ressaut opéré est de s’enraidir en flexion ce qui peut être particulièrement problématique.
Il n’y a donc pas de limite à la quantité de travail de rééducation à effectuer, du moment que l’on obtient une extension complète de chaque articulation du doigt. Peu de travail est nécessaire si le doigt reste souple et inversement. Par contre, la récupération de la flexion complète peut prendre un peu plus de temps.
Les risques et complications après une opération d'un doigt à ressaut
La libération chirurgicale d’un doigt à ressaut est une chirurgie techniquement simple mais qui paradoxalement s’accompagne d’un taux de petites complications non négligeables principalement du fait de la fréquence importante de ce type de chirurgie. Tout patient peut faire un jour un ou plusieurs doigts à ressaut et ce type de conflit tendineux augmente en fréquence avec l’âge. Chaque patient ayant dix doigts, la fréquence de cette pathologie est donc importante.
En dehors des complications infectieuses toujours possibles pour toute chirurgie du membre supérieur (mais très exceptionnelle et en principe facile à résoudre), le principal risque est la raideur articulaire qui peut gêner la bonne fonction du doigt.
L'algodystrophie
L’algodystrophie qui provoque des douleurs et une raideur globale de la main à une fréquence faible et guérit le plus souvent spontanément et complètent avec le temps mais peut mettre du temps à rentrer dans l’ordre et génère donc une véritable qui reste disproportionnée par rapport à cette chirurgie simple.
Il existe peu de préventions et de traitements pour cette complication du doigt à ressaut dont le mode d’apparition n’est pas clair, en dehors d’un fréquent contexte anxieux du patient soit constitutionnel soit créé par une période familiale ou professionnelle anxiogène.
Raideur articulaire du doigt
En dehors de l’algodystrophie, l’enraidissement d’une articulation n’est pas rare en post opératoire du fait d’une raideur préexistante ou d’une insuffisance de mobilisation articulaire effectué par le patient en post-opératoire. Il est indispensable d’être particulièrement rigoureux dans les exercices de mobilisation après intervention qui sont non seulement autorisés mais nécessaires.
En cas de gonflement et de douleurs, les doigts se mette naturellement en flexion et il faut donc lutter contre cette tendance spontanée pour éviter une raideur résiduelle qui peut provoquer plein de soucis et une réelle gêne qu’il est ensuite difficile de rattraper.
Désaxation d'un ou plusieurs doigts
Une complication plus rare mais lourde de conséquences et résultant d’un défaut de prise en charge est l’apparition d’une désaxation des doigts en inclinaison latérale. Elle concerne le doigt à ressaut opéré et parfois progressivement les doigts voisins. Cette décompensation résulte d’une mauvaise analyse de la cause du blocage, des pathologies associées et d’un choix technique inadapté lors de l’intervention.
Cette complication du doigt à ressaut est plus fréquente chez les patients âgés ou ayant une pathologie rhumatismale associée.
Arrêt de travail après une opération du doigt à ressaut
La gêne à l’utilisation de la main peut justifier d’un arrêt de travail après l’opération du doigt à ressaut. Cet arrêt est d’autant plus nécessaire que le métier exercé est manuel. En général une quinzaine de jours suffisent car c’est la date nécessaire pour l’ablation des fils et des pansements.
A l’inverse, un patient désireux de reprendre rapidement le travail peut le faire dès le lendemain, à condition d’exercer une activité ne justifiant pas une sollicitation importante en appui de la zone opérée, tel qu’un travail de bureau par exemple. Cependant, un arrêt de 48 heures après l’opération du doigt à ressaut est conseillé pour laisse la douleur post opératoire s’estomper. Au-delà de 15 jours, il n’y a aucun danger à utiliser sans restriction le doigt et la main concernés.
Les arrêts de travail plus longs concernent des cas particuliers ou des formes complexes de doigts à ressaut.