Arthrose de l'épaule : l'omarthrose
L'arthrose de l'épaule ou omarthrose est une pathologie qui a la longue peut s'avérer très douloureuse et handicapante pour le bras. Si la douleur peut être soulagée par des traitements médicaux, la pose d'une prothèse d'épaule devient à terme indispensable.
Pr Eric Roulot / Epaule / Maladies / Omarthrose
L’arthrose de l’épaule s’appelle au sens usuel du terme l’arthrose gléno-humérale. Cette maladie de l’épaule concerne l’articulation principale entre la tête humérale et la surface articulaire de l’omoplate qui lui est opposée appelée la glène. On parle d’omarthrose.
Définition de l'arthrose d'épaule
L’arthrose de l’épaule est la perte du bouclier cartilagineux protecteur d’une articulation. L’os est fait pour soutenir la charge mais résiste très mal au frottement. Il est recouvert par une surface de glissement, le cartilage, qui doit être parfaitement lisse pour bien glisser. Le cartilage de l’épaule avec le temps ou du fait de traumatisme peut s’user. Il se ramollit, s’effiloche et se fragmente. C’est la maladie du cartilage appelé chondropathie.
A force de s’abimer, il disparait et ne protège plus l’os. C’est l’arthrose d’épaule. La chondropathie ne se voit pas sur une radiographie car le cartilage est modifié mais encore présent, la radiographie est normale. Par contre, certains examens plus compliqués peuvent l’analyser. L’arthrose donne quant à elle des modifications visibles sur une simple radiographie de l’épaule.
Causes et facteurs de risque
Les traumatismes
Néanmoins, certains traumatismes de l’épaule avec fracture importante de la tête de l’humérus peuvent provoquer des séquelles à l’origine de l’arthrose. Soit par la perte du caractère parfaitement lisse du cartilage qui devient irrégulier par la fracture, soit par la nécrose de la tête humérale qui est une mortification de l’os, qui alors s’effondre et détruit l’articulation. Dans ces deux cas, l’arthrose de l’épaule peut survenir chez des gens assez jeunes et devient alors redoutable.
Ce mécanisme de nécrose osseuse de l’épaule peut aussi de façon exceptionnelle se produire lors d’accidents de plongée, à la suite de certains traitements médicamenteux ou de consommation excessive d’alcool.
Les instabilités d’épaule sont à la longue, elles aussi, arthrogènes. Les patients qui se luxent régulièrement l’épaule, en dehors des hyperlaxités congénitales, doivent se faire opérer pour une stabilisation sous peine de dégrader à la longue leur cartilage et d’aboutir à une omarthrose.
La rupture de la coiffe des rotateurs
Une des principales causes très fréquente et évitable d’arthrose de l’articulation gléno-humérale est la rupture de coiffe des rotateurs de l’épaule. C’est pourquoi la prévention et le traitement de cette rupture sont essentiels. La dysfonction de la coiffe des rotateurs lors de sa rupture rend le mouvement de rotation de la tête humérale en face de la glène imparfait lorsqu’on lève le bras. Celui-ci se fait alors avec un mouvement de piston qui à la longue use le cartilage et entraine petit à petit l’ascension de la tête humérale qui se décentre de plus en plus.
Le décentrage accentue l’arthrose de l’épaule. On parle d’omarthrose excentrée. Elle est problématique car elle cumule la destruction articulaire et la destruction de la coiffe.
Les différentes formes d'omarthroses
L'omarthrose centrée
Elle correspond à une situation anatomique constatée en cas d’arthrose de l’épaule. L’omarthrose est dite centrée quand la tête humérale est en position bien centrée vis à vis de la glène qui est la surface articulaire de l’omoplate qui lui fait vis a à vis. Cette surface concave s’articule avec la tête humérale qui est ronde.
Lorsque la tête est bien centrée, cela signifie que les muscles de la coiffe des rotateurs responsables de la stabilisation de l’articulation sont plutôt intacts. Ils fonctionnent donc correctement pour en assurer le centrage.
L'omarthrose excentrée
Par opposition à une omarthrose centrée, l’atteinte arthrosique se fait avec une ascension de la tête humérale qui n’est plus en face de la glène. Celle-ci témoigne d’une perte de la stabilisation articulaire par la coiffe des rotateurs qui n’est plus fonctionnelle du fait d’une rupture des muscles qui la constitue. On parle d’omarthrose excentrée.
Cette rupture musculaire appelée rupture de coiffe est la première cause de décompensation arthrosique de l’épaule, en créant une épaule qui dysfonctionne en réalisant un mouvement de rotation piston à la place d’un mouvement de rotation parfait. Ce phénomène de glissement rotatoire en tiroir fait brinqueballer l’épaule, provoquant des douleurs puis une usure de la surface de glissement qui fonctionne de façon inappropriée.
Les symptômes
C’est principalement la douleur lors des mouvements de l’épaule. Les douleurs surviennent principalement le jour à l’effort et en fin de journée.
Cette douleur est plus globale et plus profonde et concerne tous les mouvements de l’épaule. Des sensations de craquement, d’accrochage ou même de blocage sont des symptômes fréquents comme une impression de rouage grippé. Cette douleur à l’épaule s’accompagne d’une raideur qui s’accentue avec le temps et limite tous les sens du mouvement. Parfois, cette raideur douloureuse est difficile à différencier d’une capsulite surajoutée à l’arthrose.
Parfois, ces douleurs deviennent inflammatoires et alors gênantes également la nuit.
Diagnostiquer l'omarthrose
Le diagnostic d’une omarthrose est facilement évoqué lors d’un examen clinique devant des douleurs et une difficulté à effectuer les mouvements de l’épaule par le patient. Parfois celui-ci décrit des sensations de pseudo-blocage avec craquements lors des mouvements.
L’arthrose est confirmée simplement par une radiographie de l’épaule qui suffit la plupart du temps, sauf pour des formes débutantes ou un examen plus approfondi est nécessaire grâce à une IRM. Mais le meilleur examen pour apprécier la conformité du revêtement cartilagineux reste l’arthroscanner. Celui-ci impose l’injection d’un produit de contraste dans l’articulation et donc une infiltration de produit radio opaque.
Comment soigner l'arthrose d'épaule ?
L’idéal est surtout d’éviter son apparition en traitant correctement les tendinites d’épaule pour se protéger d’une évolution vers la rupture de coiffe puis l’arthrose.
Seul le remplacement de l’articulation par une prothèse d’épaule fait disparaitre l’arthrose de l’articulation gléno-humérale. Pour autant cette opération de l’omarthrose est importante et non sans risques. Elle mérite d’être retardée autant que possible.
Traitement médical
Le traitement médical et une mise au repos sérieuse de l’épaule sont donc indispensables. Le traitement médical peut faire appel à tout ce qui apporte un soulagement de la douleur : Antalgiques, anti-inflammatoires, infiltrations, acupuncture, mésothérapie, hypnose …
Les infiltrations peuvent se faire avec de la cortisone pour les phases très inflammatoires ou par de la viscosupplémentation. Le principe est d’apporter un liquide visqueux créant une interface pour faciliter le glissement. Il n’y a pas de gros risques à renouveler ces infiltrations si elles sont efficaces. Elles n’abimeront pas l’articulation plus qu’elle ne l’est déjà.
Un exercice de rééducation de l’épaule par kinésithérapie est envisageable mais peut par l’effort aggraver l’arthrose de l’épaule et la douleur. Elle est donc de réalisation difficile. L’enraidissement de l’articulation contribue par ailleurs au soulagement et permet parfois de retarder l’échéance de la prothèse d’épaule.
Traitement chirurgical de l'omarthrose : la pose d'une prothèse
L’opération pour une omarthrose est donc une intervention de sauvetage pour empêcher de souffrir et ne redonne pas obligatoirement une épaule normale mais simplement beaucoup moins douloureuse ou indolore. Cette intervention chirurgicale est donc salvatrice quand on souffre. Même si certains patients ont des résultats fonctionnels impressionnants, son but essentiel et suffisant reste de soulager la douleur de l’arthrose d’épaule et pas obligatoirement de restaurer une mobilité normale.
Il existe 2 types de prothèses en fonction de l’état de la coiffe des rotateurs de l’épaule.
La prothèse anatomique
La prothèse reproduit la forme d’une articulation normale avec deux pièces prothétiques qui se font face. Leur stabilité et fonctionnement sont assurés par la présence d’une coiffe des rotateurs opérationnelle. L’articulation ainsi reproduite doit pouvoir effectuer les mouvements de rotation nécessaire sans que les deux pièces ne pistonnent l’une sur l’autre, ce qui est possible avec une coiffe encore fonctionnelle.
La mise en place d’une prothèse anatomique d’épaule est assez exigeante car la conservation de la coiffe en bon état impose de la contourner sans l’abimer, rendant l’abord chirurgical plus technique.
La prothèse inversée
Inventée par un chirurgien français, le dr Grammont, la prothèse inversée a révolutionné le problème posé par les arthroses avec une coiffe de l’épaule détruite. Cette idée est reprise aujourd’hui par toutes les équipes chirurgicales dans le monde.
Le principe de la prothèse inversée repose sur deux pièces prothétiques, l’une humérale et l’autre glénoïdienne. Elles sont fixées respectivement sur l’humérus et sur la glène de l’omoplate. Emboitées l’une dans l’autre, elles permettent le mouvement souhaité de rotation de l’épaule, tout en empêchant les mouvements de piston et sans faire appel à la coiffe des rotateurs qui du coup ne devient plus nécessaire.
Cette non conservation de la coiffe autorise un abord chirurgical plus simple lors d’une opération pour arthrose d’épaule. La coiffe restante peut être sacrifiée avec un abord plus large et donc plus confortable pour le chirurgien.
Seul inconvénient d’une prothèse inversée avec des pièces prothétiques emboitées l’une dans l’autre, les contraintes et frictions se transmettent davantage de l’une à l’autre. Les sollicitations accrues de la pièce glénoïdienne provoquent en principe un risque d’usure plus important sur le long terme. Toutefois cette prothèse est aussi efficace dans la récupération fonctionnelle qu’une prothèse anatomique. Elle est donc la solution pour toutes les omarthroses avec coiffe de l’épaule altérée.
Evolution et complications possibles de l'omarthrose d'épaule
L’évolution de l’omarthrose est toujours défavorable avec le temps. L’usure cartilagineuse ne peut en effet jamais s’améliorer et l’évolution se fait donc vers une aggravation progressive de l’usure. A terme, l’usure importante de la glène de l’omoplate pose alors un réel problème pour la mise en place éventuelle d’une prothèse d’épaule.
Il convient donc en cas d’arthrose bien tolérée de surveiller l’importance de l’usure du stock osseux régulièrement par des radiographies. L’objectif est d’éviter de se retrouver à terme dans une situation où la mise en place d’une prothèse d’épaule dans de bonnes conditions puisse être compromise.
La plupart des omarthroses surviennent en complication d’une rupture de coiffe des rotateurs. Cette rupture provoque une perte de la stabilisation de la tête humérale en regard de la glène de l’omoplate. La tête humérale va ainsi progressivement s’ascensionner pour venir se caler sous l’auvent acromio-claviculaire, créant ainsi une néo-articulation peu fonctionnelle et qui peut se décompenser en une bursite avec création d’une collection liquidienne abondante.
Le plus souvent, une arthrose d’épaule devient suffisamment douloureuse et invalidante pour que le patient opte pour une prise en charge chirurgicale, seul recours envisageable pour soigner la maladie.
L'arthrose de l'épaule est-elle une maladie professionnelle ?
L’arthrose de l’épaule entre comme tous les troubles musculo-squelettiques (TMS) dans les pathologies qui peuvent être déclarées en maladie professionnelle. Cela concerne tous les métiers exercés dans un cadre professionnel qui sollicitent particulièrement l’épaule :
- Les travaux lourds du bâtiment (peintre, plaquiste, poseurs de faux plafond…)
- Les métiers responsables de microtraumatismes
La décision est prise en commission par des médecins agréés évaluant la pertinence de la demande en maladie professionnelle.