Traumatismes des doigts de la main
et traumatismes du pouce
Consécutifs à des accidents du quotidien ou du sport, les traumatismes des doigts et du pouce sont très fréquents. La chirurgie des doigts y tient une place prépondérante.
Pr Eric Roulot / Doigts de la main / Traumatismes
Un traumatisme du doigt de la main est très fréquent car la main est en perpétuelle utilisation et en contact que ce soit domestique, sportif ou professionnel. Les dix doigts sont assez régulièrement cognés, coupés, tordus ou percutés dans la vie quotidienne.
On peut assez facilement classer un traumatisme des doigts longs ou du pouce.
La luxation, un traumatisme du doigt ou du pouce
Une luxation après un traumatisme de doigt à la main correspond à l’appellation imagée du doigt déboité et dont les deux pièces osseuses ne sont plus en vis à vis par rupture d’au moins un ligament du doigt.
C’est une urgence de la main qui impose une réduction rapide. Les nerfs et les vaisseaux peuvent souffrir par la distension que la luxation du doigt leur impose consécutive au traumatisme. Souvent cette réduction est faite pour les doigts longs par le patient lui-même. Celui-ci tire sur son doigt déboité pour le remettre en place.
Toutefois cette manœuvre peut être particulièrement dangereuse après une luxation du pouce de la main pour l’articulation métacarpo-phalangienne. En effet, tirer sur le pouce risque de provoquer au moment de la réduction une incarcération du ligament du doigt déchiré. Cette incarcération va alors se coincer dans l’articulation et l’empêcher de bien fonctionner. Une chirurgie du doigt est alors impérative.
Si la luxation du pouce avait bien été réduite initialement, cela aurait permis d’éviter une opération. Il faut donc se méfier d’une luxation consécutive à un traumatisme du pouce.
Les entorses des doigts
Une entorse concerne toutes les lésions ligamentaires consécutives à un traumatisme au doigt : une torsion, une chute ou une luxation une fois celle-ci réduite. Il existe différents degrés de sévérité pour une entorse du doigt allant de la simple contusion à des lésions sévères imposant une opération du doigt.
Une contusion simple est responsable d’un gonflement du doigt. La distension d’un ligament du doigt peut l’allonger jusqu’à provoquer sa rupture, ce qui est beaucoup plus inquiétant. La distension suite au traumatisme peut être soit minime et sans grosse conséquence, soit importante et responsable de la rupture du ligament provoquant une instabilité de l’articulation. Cette instabilité du doigt est douloureuse, fait perdre de la force et varie en fonction de la localisation et de l’étendue de la rupture.
L’entorse du skieur est un traumatisme au pouce nécessitant pour les formes graves qui sont très fréquentes l’intervention d’un chirurgien de la main.
La rupture de tendon, un traumatisme du doigt grave
Une rupture de tendon d’un doigt peut concerner les fléchisseurs ou les extenseurs et se produit sans coupure. C’est la conséquence d’un lâchage du tendon ou de son attache à l’os, avec alors une petite fracture minime par arrachage. Ce traumatisme du doigt est toujours grave et nécessite souvent l’intervention d’un chirurgien de la main et des doigts.
Les ruptures du tendon extenseur au dos de l'articulation interphalangienne proximale (IPP)
Les lésions des doigts (luxation, torsion, choc) peuvent provoquer la rupture d’un tendon extenseur d’un doigt. La rupture d’un extenseur entre la première et la deuxième phalange suite au traumatisme au doigt est redoutable et l’avis d’un chirurgien de la main est impératif. Le premier symptôme est un doigt gonflé et un peu douloureux, amenant malheureusement souvent au diagnostic insuffisant d’entorse du doigt. Pourtant cette lésion a un potentiel d’évolution très sévère et progressif qu’il est tardivement impossible de combattre.
Une prise en charge rapide et parfois agressive est indispensable pour éviter d’avoir ensuite un doigt irrémédiablement déformé en forte flexion, avec douleur et gonflement durable appelé doigt en boutonnière, ce qui est à la fois disgracieux, douloureux et fonctionnellement très gênant au quotidien.
Le doigt en maillet ou mallet finger
Un cas particulier est la rupture du tendon extenseur d’un doigt au dos de la dernière articulation entre la deuxième et la troisième phalange (articulation inter-phalangienne distale). Ce traumatisme du doigt provoque une déformation du doigt qui se positionne en flexion du bout du doigt que l’on appelle doigt en maillet ou mallet finger. Elle survient de façon fréquente et pour un traumatisme de doigt anodin qui passe même souvent inaperçu, sans qu’il n’y ait pour autant une fragilité tendineuse préexistante particulière.
Le traitement du traumatisme est souvent simple, volontiers par attelle et de pronostic assez favorable.
Cette rupture tendineuse peut se faire au niveau du tendon ou de son attache osseuse et s’associe alors à une petite fracture de la partie dorsale de la dernière phalange pouvant justifier parfois d’une opération du doigt en maillet (doigt en marteau en chirurgie).
Le rugby finger ou jersey finger, la rupture d'un tendon fléchisseur
Les ruptures des tendons fléchisseurs des doigts sont toujours graves. La désinsertion d’un fléchisseur profond de doigt est une urgence chirurgicale réelle, survenant pour certains sports après avoir agrippé un maillot au rugby ou au judo.
Une opération doit être programmée idéalement dans la semaine suivant le traumatisme du doigt pour avoir un pronostic moins sévère, celui-ci étant particulièrement péjoratif de toute façon, surtout en cas de retard chirurgical. Ce traumatisme sévère s’appelle le rugby finger ou le jersey finger.
La rupture de poulie consécutive à un traumatisme du doigt
Lors d’une flexion en force brutale, la sangle de stabilisation du tendon fléchisseur appelées poulie du doigt peut se détendre ou se rompre. Cette rupture de poulie survient pour des sports comme l’escalade ou la varappe ou lors du soulèvement brutal avec les doigts d’une charge lourde.
Cette rupture de poulie entraîne une avancée des tendons qui ne sont plus collés contre l’os lors du mouvement. Une opération des doigts peut être nécessaire en cas de rupture étendue de plusieurs poulies. Une rupture isolée après un traumatisme de doigt se traite le plus souvent sans chirurgie mais met beaucoup de temps à se stabiliser.
Les fractures des doigts
Les fractures peuvent s’étendre dans l’os jusqu’à l’articulation et sont alors très dangereuses car peu visibles mais modifiant la surface de glissement articulaire. Tout déplacement doit alors être réduit au mieux et souvent par une opération des doigts.
Si elles concernent l’os sans atteindre l’articulation, ces fractures de doigts de la main peuvent changer l’orientation de cet os et générer des séquelles.
Pour ce type de traumatisme des doigts, un avis chirurgical auprès d’un spécialiste de la main est donc indispensable pour décider si le traitement par attelle ou strapping suffit, ou si la chirurgie des doigts s’impose. Cette opération méticuleuse et exigeante doit être faite par un chirurgien de la main.
Les plaies, des traumatismes des doigts parfois trompeurs
Les plaies du doigt sont toutes les perforations de la barrière cutanée que ce soit par une écharde, une morsure, une chute, un outil perforant ou tranchant. Dès que l’épaisseur du derme est traversée, un avis chirurgical s’impose le plus souvent suivit d’une exploration au bloc. L’intervention d’un chirurgien de la main est nécessaire pour réparer ce qui aura souffert.
De très nombreuses plaies au doigt sont trompeuses et source d’erreurs très préjudiciables. En regard des articulations, il y existe un gros risque de contamination infectieuse dès que la capsule articulaire est perforée par le traumatisme du doigt. Un lavage chirurgical de la plaie s’impose avant de mettre des antibiotiques. En regard des tendons du doigt concerné, la zone de coupure est souvent décalée par rapport à la plaie du fait du mouvement. Elle est donc non visible par l’orifice cutané de la plaie.
Les plaies des nerfs aux doigts sont redoutables. Elles ne sont pas d’emblée évidentes après l’accident et peuvent laisser, en plus du déficit sensitif ou moteur lié à la section du nerf, des douleurs définitives consécutives à la constitution d’un névrome cicatriciel au niveau de la zone de blessure nerveuse. Une chirurgie réparatrice des doigts est indispensable dans des délais rapides et peu réalisable avec retard.
Un gros délabrement ou l’amputation d’un doigt impose une prise en charge chirurgicale en urgence dans un centre Sos Urgence Main.