Tendinite de la coiffe des rotateurs ou tendinite de l'épaule
La tendinite de l'épaule appelée aussi tendinite de la coiffe provoque des douleurs par souffrance des tendons des muscles rotateurs.
Pr Eric Roulot / Epaule / Maladies / Tendinite coiffe des rotateurs
SOMMAIRE
- Pourquoi parle-t-on de tendinite de la coiffe des rotateurs ?
- Causes et facteurs de risque
- Quels sont les symptômes d’une tendinite de l’épaule ?
- Diagnostiquer une tendinite
- Comment soigner une tendinite de l’épaule ?
- Quand opérer une tendinite de l’épaule ?
- La tendinite d’épaule est-elle une maladie professionnelle ?
Les muscles permettant les mouvements de l’épaule sont appelés les muscles de la coiffe des rotateurs. Chacun de ces quatre muscles a un rôle moteur. Celui qui est en avant en se contractant provoque de la rotation interne, celui du dessus l’élévation et ceux qui sont en arrière la rotation externe. Évidemment, leurs actions sont intriquées et bien plus complexes mais pour comprendre la tendinite de l’épaule, cette simplification est nécessaire.
Cet ensemble de muscles chapeaute la tête humérale qui est arrondie comme une coiffe sur une tête d’où le nom de coiffe des rotateurs. Les muscles infra-épineux et le petit rond sont situés en arrière, le supra-épineux au-dessus et le sous-scapulaire en avant. Chaque muscle rotateur est constitué d’un gros corps charnu qui s’attache sur l’omoplate. Chaque muscle se termine par un tendon solide, plat et court qui s’attache sur le pourtour de la tête humérale.
Comprendre la tendinite de l'épaule
Des muscles rotateurs fragiles et constamment sollicités
Lors de l’élévation du bras, l’ensemble de ces quatre muscles rotateurs se contracte et rapproche la tête humérale de l’omoplate pour la maintenir bien fixée. L’objectif est d’éviter un mouvement de piston qui serait sinon trop important par la traction du deltoïde.
Le muscle deltoïde est à lui seul plus fort que tous les autres séparément. Il est en opposition et complémentaire à la coiffe des rotateurs qui est fragile par sa situation anatomique. Elle est coincée entre la voute acromio-claviculaire et la tête humérale, comme entre le marteau et l’enclume. A l’inverse, le deltoïde est indestructible car situé en dehors de cette zone de conflit sous-acromiale. Le deltoïde va donc toujours bien.
Au cours de notre vie, l’accumulation des mouvements incessants de l’épaule peut à la longue fatiguer la coiffe des rotateurs. Les tendons de l’épaule deviennent plus secs et moins élastiques, un peu comme un cuir qui vieillit et craquelle. C’est la tendinose dégénérative.
La tendinite de la coiffe des rotateurs
Cette maladie de l’épaule est donc une conséquence du vieillissement et d’une hyper utilisation de la coiffe, d’où le nom de tendinite de la coiffe des rotateurs.
Cependant, si les tendons coulissent difficilement dans un espace sous-acromial trop serré, ils sont soumis à une agression qui va les user beaucoup trop vite. La tendinite survient alors bien trop tôt par rapport à l’âge, exactement comme le mécanisme d’une autre maladie de l’épaule, la bursite sous-acromiale. Ce conflit sous-acromial par excès de frottement va déclencher une inflammation des tendons et une inflammation de la bourse sous-acromiale : on parle de tendino-bursite.
A son contact, la bourse sécrète du liquide synovial et s’enflamme pour essayer de protéger la coiffe des rotateurs du frottement. C’est un peu le principe d’un air bag qui se gonfle pour protéger du traumatisme, mais qui une fois gonflé peut devenir gênant. L’inflammation du tendon génère une gêne aux mouvements et des douleurs de l’épaule. En l’absence de traitement, les tendons s’effilochent à force de frotter et la tendinite passe à la chronicité : c’est la tendinite chronique de l’épaule.
En effet, l’arrêt de l’inflammation et des agressions par frottement ne le ramène pas totalement à la normale. En cas d’aggravation, les tendons peuvent se rompre : c’est alors la rupture de la coiffe. Elle peut survenir sans être très perceptible au début, ou se rompre de façon brutale à l’occasion d’un effort important ou d’une chute à vélo ou dans l’escalier. La rupture se produit le plus souvent sur un tendon déjà très fragilisé et malade.
Les causes d'une tendinite de l'épaule
Trois grandes causes s’entremêlent et expliquent pourquoi avec l’anatomie certains patients sont plus concernés que d’autres par cette pathologie de l’épaule.
Le vieillissement des tendons de la coiffe
Avec l’âge, la transformation des tendons de la coiffe des rotateurs et à la longue leur rupture est assez inéluctable : c’est le vieillissement tissulaire. Les premiers symptômes apparaissent le plus souvent vers la cinquantaine et le but est d’éviter d’abîmer sa coiffe des rotateurs trop jeune. Evidemment si une rupture de coiffe n’est pas un gros problème à 80 ans, il en devient un sérieux à 50 ans.
Le vieillissement pour chacun des tendons ne se fait pas à la même vitesse, et c’est tout l’intérêt d’en prendre soin : par des exercices physiques mesurés progressifs et sans à-coups, un dépistage au moindre signe d’alerte d’un acromion agressif et une hygiène de vie de qualité.
Une voute sous-acromiale agressive
- Soit de façon constitutionnelle pour des patients qui dès l’âge adulte ont une forme d’acromion trop crochu.
- Soit acquise avec le temps : c’est le cas des déformations progressives de l’os par l’arthrose ou les traumatismes, que ce soient des micro-traumatismes de mouvements répétés ou un vrai traumatisme de l’articulation acromio-claviculaire.
Dans les deux cas, l’acromion devient trop saillant et agressif. Il vient racler comme un soc de charrue sur les tendons de la coiffe des rotateurs dans le mouvement, les abimant fortement et provoquant des dégâts parfois sérieux. Il faut alors en cas de tendinite de la coiffe des rotateurs réagir en supprimant ce bec sous-acromial agressif. Cela peut relever d’une chirurgie de l’épaule.
Une mauvaise hygiène de vie
Les symptômes de la tendinite de l'épaule
Les principaux symptômes de la tendinite sont des douleurs lorsque l’on lève le bras et le coude à l’horizontale, comme par exemple pour boire un verre. Ces douleurs à l’épaule sont plus intenses à l’effort mais peuvent êtres sourdes, permanentes, persistantes au repos et parfois nocturnes et insomniantes. Le repos les soulage et le besoin de mettre son bras en écharpe est fréquent.
Il n’y a pas en principe de vraie perte de force, même si la douleur peut limiter la bonne utilisation de l’épaule. Lever le bras jusqu’au plafond est souvent moins douloureux que de maintenir le coude à l’horizontale, et mettre la main dans le dos est difficile.
Les formes spontanées et post traumatiques de la maladie
Les formes spontanées de la maladie surviennent de façon progressive, à force de réaliser des activités physiques avec des mouvements répétitifs, par des douleurs à l’épaule. Parfois elles apparaissent à la suite d’un surmenage du bras surélevé comme pour tailler une haie, poncer un mur ou peindre un plafond. La poussée douloureuse est alors assez brutale et provoque une incapacité à se servir de son bras.
La tendinite peut aussi prendre une forme post traumatique survenant à la suite d’une chute ou d’un impact sur l’épaule. Elle rentre alors souvent dans l’ordre avec le temps, le repos laissant l’inflammation provoquée par le traumatisme au niveau de l’articulation disparaitre.
La tendinite calcifiante de l'épaule
La présence de calcifications sur les tendons de la coiffe est possible et courante : on parle de tendinite calcifiante de l’épaule. Il s’agit d’une multitude de petites calcifications qui traduisent des mécanismes de micro-ruptures suivies de réparation par un tissu cicatriciel calcifié.
Parfois, ce sont de gros nodules calcifiés qui peuvent être très inflammatoires et douloureux. Les douleurs à l’épaule disparaissent souvent avec l’évacuation spontanée de ces poches remplies de microcristaux, un peu comme une crise de goutte. La durée d’une tendinite calcifiante est de quelques semaines quand elle s’évacue spontanément.
Parfois il est nécessaire d’évacuer ces grosses calcifications par une opération, soit sous radio (trituration de la calcification), soit par arthroscopie.
Diagnostiquer une tendinite de l'épaule : Les examens complémentaires
Les examens pour une tendinite de l’épaule sont courants. Des radiographies simples de l’épaule et une échographie suffisent. Les radiographies permet de vérifier l’absence d’anomalie osseuse et d’analyser la taille de l’espace sous-acromial. L’échographie de l’épaule analyse l’état de la coiffe des rotateurs, son vieillissement et l’absence de rupture.
On peut alors déterminer si l’acromion est plat ou agressif et si l’espace sous-acromial est large ou étroit.
Le traitement d'une tendinite à l'épaule
Pour guérir de la maladie, il faut laisser les tendons se reposer et se désenflammer et pour cela supprimer la cause de la tendinite. Si c’est un surmenage, il faut arrêter les efforts physiques en cause et observer une mise au repos adaptée.
La recherche d’une anomalie anatomique responsable de la souffrance tendineuse est néanmoins nécessaire et sa suppression utile. En cas d’acromion pointu et agressif, une chirurgie de l’épaule peut être envisagée. En cas de mauvaise dynamique de l’épaule avec un pistonnage excessif dans le mouvement, une rééducation de l’épaule doit être entreprise.
Comment soulager les douleurs ?
Lors de l’apparition de cette pathologie de l’épaule et avant d’aller voir un médecin, le repos complet avec le bras en écharpe est le remède le plus efficace pour soigner une tendinite. Pour ce qui est de la chaleur ou du froid à appliquer sur l’épaule, l’application de poches de glace de façon intermittente en protégeant la peau de la brûlure de la glace est plutôt bénéfique. Néanmoins le chaud en cataplasme peut également apporter un certain soulagement.
Les antalgiques et les anti-inflammatoires lors d’une tendinite de l’épaule permettent le plus souvent de résoudre la crise douloureuse. L’acupuncture peut également aider.
Comment dormir avec une tendinite de l’épaule ?
Les douleurs nocturnes sont importantes et la résultante des efforts du jour. Il faut donc anticiper en journée : si dans le mouvement la gêne est modérée, il est préférable de s’en abstenir sous peine d’avoir mal au repos. C’est donc une question fréquente et malheureusement avec une tendinite, la position pour dormir ne change pas grand-chose. Chacun trouvera une position qui lui est plus ou moins confortable, comme assise bras en écharpe, sans qu’il y ait de règle préétablie.
Peut-on faire une infiltration pour une tendinite ?
Les infiltrations à l’épaule sont de loin le traitement médical le plus efficace pour soulager la douleur. Elles ont un effet puissant pour une tendinite de l’épaule mais leur maniement doit être prudent.
Elle peuvent être réalisées dans l’espace sous-acromial et dans l’articulation gléno-humérale. Elles ont un rôle anti-inflammatoire mais ne permettent pas la réparation d’une éventuelle rupture.
Par le soulagement de la douleur qui permet de remettre les tendons en action et par l’action directe de la cortisone, les infiltrations peuvent favoriser une rupture de la coiffe des rotateurs si elle est déjà très fragilisée. L’injection de cortisone incite donc au préalable de vérifier l’aspect de la coiffe et sa fragilité éventuelle.
Les exercices de rééducation
La rééducation de l’épaule est essentielle dans la prise en charge de la tendinite. Le conflit sous-acromial à l’origine de la plupart des tendinites est en effet la conséquence d’un frottement excessif des tendons de la coiffe des rotateurs sous le plafond acromio-claviculaire.
Ce frottement résulte d’un contact trop fort entre un plafond trop bas et une tête humérale recouverte de sa coiffe des rotateurs qui remonte trop haut lors du mouvement.
La rééducation de la tendinite de l’épaule permet à la tête humérale de moins remonter dans le mouvement qui doit privilégier la rotation et éviter le pistonnage.
Ces exercices de rééducation ont donc un effet essentiel et parfois suffisant pour guérir. Même en cas d’intervention chirurgicale, ce bon équilibre du mouvement de l’épaule est une priorité. La rééducation doit être entreprise dès que les douleurs le permettent et doit être longtemps poursuivie.
La kinésithérapie comme l’ostéopathie ont une grande place pour soigner une tendinite de l’épaule.
L'auto-rééducation et les bonnes postures, le meilleur traitement naturel de la tendinite
L’analyse des circonstances déclenchantes de la douleur permet de ne pas les reproduire. Une adaptation du poste de travail est à étudier, évitant les travaux bras en hauteur. De même qu’il est nécessaire d’adopter des postures de travail adaptées en limitant les positions prolongées bras à l’horizontale.
La rééducation de l’épaule est un élément incontournable de la prise en charge de la tendinite et doit être poursuivie en auto-rééducation tout au long de la vie. De la même façon que pour ne pas avoir mal au dos, il faut bien se tenir. Pour ne pas avoir mal à l’épaule, il faut un équilibre du mouvement correct, ce qui se travaille et s’entretient.
Tendinite de l'épaule : Opération par arthroscopie
Une opération de l’épaule devient parfois nécessaire quand la tendinite n’est pas guérie par le traitement médical et d’autant plus rapidement que le plafond constitué par la voûte acromio-claviculaire est bas et tranchant.
Le but de ce traitement chirurgical est d’éviter que la tendinite de l’épaule ne continue à évoluer et n’aboutisse à une rupture de coiffe des rotateurs.
Le remodelage de l’acromion par arthroscopie permet d’agrandir l’espace sous-acromial et de diminuer le frottement néfaste. Cette acromioplastie arthroscopique ne dispense pas d’une rééducation visant à empêcher la tête humérale recouverte de sa coiffe de monter plus haut. En cas de tendinite calcifiante, la résection par arthroscopie de calcifications douloureuses, persistantes et volumineuses est également faisable.
La tendinite du biceps, une chirurgie de l'épaule à part
La tendinite du biceps est un cas à part. Le tendon du biceps traverse l’épaule et appartient à la coiffe des rotateurs sans en partager le mode de fonctionnement. Quand le tendon est abimé et douloureux, sa rupture spontanée soulage la douleur de façon remarquable sans créer de déficit.
On peut donc par arthroscopie accélérer cette libération du biceps. C’est un geste techniquement très simple en chirurgie de l’épaule appelé ténotomie du biceps.
Tendinite de l'épaule et maladie professionnelle
Dans le cadre de certaines professions effectuant des travaux lourds ou épaules surélevées (travail de chantier, peintre en bâtiment, déménageur, boulanger, coiffeur…), la tendinite de l’épaule ou tendinite de la coiffe peut faire l’objet d’une déclaration en maladie professionnelle. Cela permet d’adapter le poste de travail et d’effectuer une meilleure prévention et prise en charge des rechutes éventuelles.
Sinon, il faut impérativement faire des explorations complémentaires de l’épaule pour évaluer la présence éventuelle d’un conflit sous-acromial à traiter.